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Nicolas Jeunesse

15 juin 2023

Rencontre avec Nicolas Jeunesse, membre de la Compagnie des Carabiniers du Prince de Monaco.

Vous êtes Ambassadeur d’Alsace. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de votre engagement ?

« Les engagements ont toujours été importants pour moi, notamment dans le milieu associatif alsacien. C’est l’Alsace qui m’a tout donné et qui m’a forgé : le cadre familial tout d’abord, puis les études, les rencontres, les échecs et rebondissements, les premières expériences professionnelles, et surtout de nombreux engagements associatifs musicaux et européens... Mais avant toute chose, l’Alsace m’a surtout apporté des valeurs : le partage, le respect et l’honnêteté. Il est important d’évoluer tout en restant soi-même. Etant aujourd’hui à l’étranger, je dois tout ce que je suis devenu à l’Alsace. »

Pouvez-vous nous décrire votre activité ?

« J’exerce aujourd’hui une profession peu banale puisque je travaille depuis janvier 2022 au sein de la Compagnie des Carabiniers du Prince de Monaco. 

Qu’est-ce que l’on y fait exactement ? Sans revenir sur trop de détails historiques, le Corps des Carabiniers du Prince, qui fut créé par ordonnance souveraine du 8 décembre 1817, a pour mission principale de veiller à la sûreté de la Famille Princière, d’assurer la garde du Palais et de ses résidences et de lui fournir les services d‘honneur. Outre les missions d’ordre public, les carabiniers sont amenés à exécuter l’ensemble des missions ordonnées par la Famille Princière, ce qui en fait un métier polyvalent et diversifié. Les missions de service général (garde du Palais Princier, missions de police, etc.) qui forment le cœur du métier, sont complétées par de nombreuses spécialités, développées dès les années 1950 sous l’impulsion du Prince Rainier III, qui permettent de répondre tout au long de l’année aux attentes de la Famille Princière et aux événements calendaires monégasques.

J’ai notamment la chance de jouer au sein l’Orchestre des Carabiniers du Prince (OCP), composé de 24 musiciens, qui assure la partie musicale lors des relèves de garde quotidiennes, mais aussi de nombreux services d’honneurs et représentations, essentiellement lors de grandes manifestations de la Principauté : prises d’armes militaires (Fête Nationale), événement sportifs (Grand Prix de Formule 1, Rallye de Monte-Carlo), fêtes religieuses (Saint-Sébastien, messe chrismale, Pâques), ou encore lors des lettres de créances et des réceptions au Palais Princier. Diversifiant son activité, l’orchestre a par ailleurs effectué des sessions d’enregistrements et se produit également lors de concerts annuels en Principauté (concerts de Gala, Rencontres des Sites historiques des Grimaldi) ou d’événements à l’étranger (festivals militaires à Edimbourg ou à Moscou, Exposition universelle de Dubaï, célébration au siège de l’ONU à New-York…). Nous y jouons un répertoire assez éclectique, alliant tradition et modernité, allant du répertoire religieux aux styles modernes, en passant évidemment par le répertoire militaire.

C’est un métier unique au monde, amenant à servir un état et une Famille Princière aux travers différents services, et me permettant d’allier ma passion et de poursuivre ma pratique musicale régulière. »

Quel a été votre parcours ?

« Originaire de la Vallée de la Bruche, d’un village en contrefort du Champ du feu, j’ai toujours été investi dans la vie associative locale. J’y grandis dans un environnement familial sain, au contact de la nature, et apprends notamment la musique dès l’âge de 6 ans dans l’harmonie municipale. Après mon baccalauréat à Molsheim, je poursuis mes études naviguant entre le Conservatoire de Strasbourg (tuba et euphonium), l’Université de Strasbourg (Musique et musicologie) et de nombreux engagements à travers toute la région : pratique musicale régulière au sein de différents orchestres (Orchestre Universitaire de Strasbourg, Orchestre Roger Halm, Brass Band du Grand Est, Strasbourg Brass Band, Orchestre des Jeunes de Strasbourg, No limit Orchestra, etc.), enseignement en écoles de musique, direction d'orchestre, élu au sein de bureaux d’associations, actifs à travers divers jobs, etc. Ces années universitaires ont par ailleurs été une véritable richesse à travers de nombreux échanges et projets européens.

Après ces études musicales et l’obtention de mes diplômes, je fais le choix de m'orienter vers la gestion et l'administration culturelle. Diplômé à Sciences Po Strasbourg en master "Politique et Gestion de la Culture", je reste membre actif au sein de nombreuses associations musicales et culturelles en Alsace. Travaillant en tant que chargé de production artistique pour l’ensemble strasbourgeois Accroche Note, j’assure également l’organisation de « MittelCuivrheim - Stage & Festival », projet au travers duquel il me tient particulièrement à cœur de dynamiser la vie musicale locale durant les étés, à Mittelbergheim et au Pays de Barr.

Souhaitant aller vers d’autres horizons professionnels, je prépare durant plusieurs mois le concours d’entrée au sein de la Compagnie des Carabiniers du Prince de Monaco, et, à l’issue d’un processus de sélection d’une semaine, j’y suis admis depuis janvier 2022. J’y intègre notamment plusieurs spécialités que sont l’Orchestre des Carabiniers du Prince ainsi que Le Musée des Princes et de Leurs Gardes. »

Comment s'exprime votre engagement en faveur de l'Alsace ?

« Aujourd’hui, je reste énormément informé de l’actualité de mon village et de ma région. Je poursuis toujours des engagements qui me tiennent à cœur, comme par exemple au sein du Collectif Palais des Fêtes à Strasbourg, réunissant de nombreux acteurs culturels autour de ce lieu, ou encore MittelCuivrheim, événement musical estival évoqué auparavant. Dès que j’en ai l’occasion, lors de week-ends ou de vacances, je prends plaisir à rentrer pour jouer avec mon orchestre d’origine, qui m’a formé, dans mon village à Neuviller-la-Roche. J’ai également intégré récemment le Club alsacien de Monaco qui porte les valeurs de l’Alsace et organise régulièrement des événements thématiques pour promouvoir notre belle région sur la Côte d’Azur. En tant qu’Ambassadeur d’Alsace, il me tient à cœur de poursuivre ces engagements à l’avenir afin de porter haut et fort les valeurs et la culture autour du célèbre « Rot un wiss » qui mérite amplement d’être reconnu au-delà des frontières ! »

Êtes-vous Alsacien d'origine ou de cœur ?

« D’origine (et le resterai !). »

Qu'est-ce qui vous plaît le plus en Alsace ?

« Cette région est riche d’une culture vivante, inégalée par ailleurs : une histoire, une gastronomie, des traditions locales. Nous nous rendons compte de cela d’autant plus avec du recul, en étant ailleurs. »

S'il n'était possible d'utiliser qu'un seul argument, lequel choisiriez-vous pour inciter un de vos contacts à venir en Alsace (pour visiter, étudier, travailler ou vivre) ?

« La valeur humaine ! »

Quels sont vos « outils » pour mettre en avant l'Alsace ?

« Ma passion pour l’Alsace. »

Si l'Alsace était...

  • Un moment ? « Noël. »
  • Une histoire ? « Celle de la Seconde Guerre Mondiale. »
  • Un cadeau ? « Une tarte flambée, gratinée à souhait. »
  • Un sens ? « Une odeur (les Bredele de mon grand-père !), mais aussi une vue (le paysage d’un château fort que l’on devine à travers les sapinières, avec la mer de nuages automnale au loin). »
  • Une personne ? « Jean-Frédéric Oberlin. »

Un mot pour la fin ?

« Rêvez en grand, mais n’oubliez pas vos racines. Un arbre n’est rien sans ses racines, et l’Alsace est assurément source de bon terreau. »

Crédit photo : © Vincent Eschmann Photography / © Isabelle Schindler, ORH Alsace

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