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Le Vaisseau - Un job-dating dans le noir pour rapprocher recruteurs et malvoyants

10 mars 2009

Avec une canne d'aveugle pour seul accessoire, des recruteurs s'avancent un à un, dans un couloir très sombre, pour mener des entretiens d'embauche à l'occasion d'une journée inédite de job-dating dans le noir avec des malvoyants.

 

 J.-L. Stadler CG67"Ca va peut-être faire tomber les barrières sociales et les préjugés", espère Cheickh, un aveugle, avant la rencontre organisée jeudi à Strasbourg au centre de découverte des sciences et des techniques du Vaisseau.

Quelques pas plus loin, en tournant à droite, c'est déjà le noir complet. Et la voix de Michel, handicapé visuel, est bien la seule à pouvoir guider ces aveugles d'un jour, quelque peu tendus. C'est l'un des 30 malvoyants embauchés en CDD comme guides animateurs pour l'exposition "Dialogue dans le noir" qui s'achève, entraînant la fin des contrats. "On longe le mur sur la gauche et on s'arrête", dit-il, ou alors, il prend simplement les mains d'un participant pour le faire avancer dans la bonne direction.

Durant 40 minutes, les recruteurs découvrent, à l'aveugle, un parc et ses grenouilles, font l'expérience d'une promenade en bateau à moteur et traversent une ville et son marché avec ses odeurs de légumes et d'épices. S'ouvre alors la porte du "bar". Les recruteurs prennent place et Michel, qui a déjà reçu une promesse d'embauche, explique qu'il passe le témoin à ses collègues: neuf voix d'hommes et de femmes qui se succèdent dans le noir. Pour ces personnes, l'enjeu est de taille: il est en effet ici question de leur reclassement professionnel.

Il y a Stéphane, 27 ans, titulaire d'un DUT et d'une licence en études territoriales appliquées, "ouvert à tout type d'emploi comme téléphoniste ou chargé d'accueil", Cheickh, 37 ans, titulaire d'un DESS en droit des assurances, ou encore Bernadette, 43 ans, embauchée comme coordinatrice du groupe, et qui a étudié la traduction et la terminologie juridiques.

Selon Olivier Gathy, chargé de communication du Conseil général du Bas-Rhin et à l'initiative de cette journée, ces candidats sont considérés comme "proches d'un retour à l'emploi" en raison de leurs qualifications. Et cette première présentation dans le noir doit permettre "de les faire évoluer dans un environnement qu'ils maîtrisent". Les présentations terminées, recruteurs et candidats regagnent la sortie et la lumière.

"Le parcours n'est pas évident. Par moment, on n'est pas rassuré du tout", avoue Karine Hindermeyer, responsable en ressources humaines dans une société d'assurance. Elle a néanmoins retenu "deux à trois profils intéressants: Mathieu, Bernadette et Cheickh, si je me souviens bien". "Nous avons déjà une personne malentendante dans un service (...) mais nous avons toujours veillé aux compétences. Nous ne faisons pas de discrimination positive ou négative", prévient-elle.

A présent en lumière, les candidats prennent place pour un deuxième entretien en face-à-face avec les recruteurs. Jalil, 29 ans, qui voit "mal de loin, mais bien de près", dit que par l'exposition il a appris à connaître "le monde de la non-voyance". Il vient de s'entretenir avec un recruteur de la SNCF pour un travail d'agent d'accueil ou de vente de billets par téléphone. "On a l'occasion de faire comprendre à cette personne que même si on a un handicap, on est mobile, qu'une personne malvoyante ou aveugle est bénéfique", souligne-t-il.

Source : AFP lg/tj/fm

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